Qu’est ce qui fait encore avancer Laurent Garnier ? DJ marathonien du mythique club mancunien l’Hacienda en 1987 puis figure de proue de la techno française dans les années 90, il nous livra durant cette décennie trois albums déjà très convaincants. Très axés techno et electro ses deux premiers LP contenaient une pléthore d’hymnes dancefloors plus efficaces les uns que les autres. Il fallait donc prêter une oreille plus attentive à Unreasonable behaviour, le troisième et dernier album en date, pour comprendre qu’il annonçait déjà un retournement radical dans son approche musicale. The cloud making machine constitue donc la preuve ultime que Laurent Garnier se trouve toujours là où on ne l’attend pas. Jetant aux oubliettes le formatage musical auquel on peut s’attendre, il s’entoure de Stéphane Dri (alias Scan X) à la production, du pianiste electro-jazz Bugge Wesseltoft et du joueur de oud Dhafer Youssef. Pourtant la liste de ses comparses ne pourra complètement rendre compte sur papier de l’ambiance sombre et si personnelle qui peut se dégager de ce disque. Toutefois, Huis clos n’aurait pas dépareillé sur un album de Dead Can Dance, (I wanna be) waiting for my plane se présente comme un hommage surréaliste au Velvet Underground à la façon d’un Death In Vegas sous acide et Jeux d'enfants fait écho à To cure a weakling child d’Aphex Twin, rien que ça. Une réussite qui prouve à ceux qui en doutaient encore que l’œuvre musicale de Monsieur Garnier n’en est qu’à ses balbutiements et s’annonce plus excitante que jamais.